Refus d’obtempérer : vos droits, vos recours, votre défense

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Refus d’obtempérer éviter les sanctions, retrait de permis, condamnation, garde à vue, délit routier (1)

Le refus d’obtempérer n’est pas une infraction à prendre à la légère. Devant la hausse des refus d’obtempérer, les autorités judiciaires renforcent leur sévérité pour lutter contre ce délit qui menace la sécurité publique. 
En plus de risquer une perte de points sur le permis, une suspension prolongée ou une amende conséquente, cela peut aussi compliquer votre quotidien, notamment si vous avez besoin de conduire pour travailler. Mais que signifie exactement ce délit ? Comment se défend-on face à une telle accusation ? Et surtout, comment éviter d’aggraver la situation ? Pour les conducteurs confrontés à ce type de problème, comprendre les rouages juridiques et connaître les solutions possibles peut faire toute la différence.

Le refus d’obtempérer : que dit la loit sur ce délit ?

Le refus d’obtempérer, défini à l’article L233-1 du Code de la route, constitue une désobéissance délibérée à sommation de s’arrêter émanant des forces de l’ordre

Le refus d’obtempérer peut être retenu dans plusieurs contextes : lors d’un contrôle routier, à un barrage de police ou encore lors d’une course poursuite impliquant un véhicule jugé suspect.
Pour que l’ordre d’arrêt soit valable, l’agent doit être parfaitement reconnaissable, soit par le port de son uniforme, l’identification visible de son véhicule (marquages officiels), ou l’utilisation de dispositifs spécifiques tels qu’un gyrophare.

Pour que ce délit soit constitué, plusieurs conditions doivent être réunies : 

– l’ordre donné par les forces de l’ordre doit être clair et sans équivoque, tel un signal ou une injonction explicite,

– les agents doivent être parfaitement identifiables, notamment grâce à leurs insignes ou à leur uniforme, l’identification visible de leur véhicule ou l’utilisation de dispositifs tels qu’un gyrophare ou la sirène 2 tons.

– l’intention volontaire de désobéir est un élément clé dans la qualification du délit.

L’infraction peut être aggravée lorsque le comportement du conducteur met en danger d’autres personnes, qu’il s’agisse de piétons, d’autres usagers de la route, de conducteurs ou des forces de l’ordre elles-mêmes. 

À ce titre, il est important de de bien différencier le refus d’obtempérer des infractions qui lui sont parfois associées, afin de comprendre précisément les faits reprochés et les sanctions applicables.

Le refus d’obtempérer ne doit pas être confondu avec :

  • le délit de fuite, qui désigne la situation où un conducteur quitte les lieux après avoir causé ou été impliqué dans un accident, sans fournir son identité ni s’arrêter pour constater les faits.
  • le refus de se soumettre à un contrôle d’alcoolémie ou de stupéfiants est une infraction distincte : elle concerne le refus de réaliser un test obligatoire demandé par un agent habilité, comme un éthylotest ou une prise de sang.

Bien que ces infractions soient souvent liées, chacune possède ses propres définitions et sanctions, ce qui peut influencer la stratégie de défense en cas de contestation.

Refus d’obtempérer : quelles sont les sanctions pénales ?

Cette infraction entraîne des sanctions différentes prévues par le Code selon s’il s’agit d’un refus d’obtempérer simple ou aggravé. 

Refus d’obtempérer simple 

Les peines principales :

  • peine d’emprisonnement de deux ans
  • 15 000 euros d’amende

De plus, des peines complémentaires peuvent être prononcées, telles que :

  • Suspension du permis de conduire pour une durée maximale de trois ans, sans possibilité d’aménagement pour la conduite professionnelle.
  • Annulation du permis de conduire avec interdiction de le repasser pendant une durée pouvant aller jusqu’à trois ans.
  • Confiscation du véhicule utilisé lors de l’infraction, si le conducteur en est le propriétaire.
  • Obligation d’accomplir un stage de sensibilisation à la sécurité routière, aux frais du contrevenant.
  • Peine de travail d’intérêt général ou jours-amende.
  • Retrait de six points sur le permis de conduire.

Refus d’obtempérer aggravé 

Le refus d’obtempérer aggravé a été créé par la loi du 24 janvier 2022 pour faire face aux nombre croissant des cas de refus d’obtempérer et leurs conséquences dramatiques. C’est le cas lorsque le conducteur, en plus de ne pas se conformer aux injonctions des forces de l’ordre, met directement en danger la vie d’autrui. Par exemple si :

  • le conducteur est dangereux pour la vie des agents de police, des gendarmes ou d’autres usagers de la route, notamment en les menaçant avec le véhicule ou en les frôlant dangereusement
  • une conduite à grande vitesse, en prenant des risques inconsidérés tels que griller des feux rouges, rouler à contresens ou traverser des zones très fréquentées, comme des passages piétons ou des quartiers résidentiels
  • le véhicule est utilisé comme arme, lorsqu’il est intentionnellement dirigé pour nuire ou intimider
  • le conducteur effectue des manœuvres dangereuses effectuées lors d’une poursuite, qui peuvent entraîner des collisions ou provoquer des accidents impliquant des tiers.

Dans ce cas, les sanctions prévues par l’article L233-1-1 sont alors considérablement renforcées :

  • Peine d’emprisonnement pouvant atteindre 5 ans
  • 75 000 euros d’amende
  • Suspension du permis de conduire pour une durée pouvant aller jusqu’à 5 ans, sans possibilité d’aménagement pour la conduite professionnelle
  • Annulation du permis de conduire avec interdiction de solliciter un nouveau permis pendant une durée maximale de 5 ans
  • Confiscation obligatoire du véhicule utilisé lors de l’infraction, si le conducteur en est le propriétaire
  • Retrait de 6 points sur le permis de conduire.
Refus d’obtempérer éviter les sanctions, retrait de permis, condamnation, garde à vue, délit routier

Les étapes de la procédure judiciaire et les droits de la défense

Le refus d’obtempérer, en tant que délit, relève de la juridiction du tribunal correctionnel. Lorsqu’un refus d’obtempérer est constaté, une procédure stricte se met en place. En effet, le conducteur peut être interpelé et même placé en garde à vue si les circonstances le justifient. Ensuite, une enquête est menée par la police, au cours de laquelle des éléments de preuve sont collectés, tels que des témoignages, des enregistrements de vidéosurveillance, etc. Puis, le procureur de la République doit prendre une décision sur la suite à donner : cela peut aller d’un classement sans suite à des mesures alternatives aux poursuites (comme une composition pénale) ou à un renvoi devant le tribunal correctionnel pour un jugement. Mais à chaque étape, la loit garantit au conducteur ses droits fondamentaux, notamment celui d’être assisté par un avocat. 

Quels sont les recours et les moyens de défense en cas de refus d’obtempérer ?

Dans un premier temps, le permis de conduire peut être retiré immédiatement pour une durée de 72 heures. Par la suite, le préfet peut prononcer une suspension administrative pouvant aller jusqu’à 1 an. Ce type de sanction est souvent appliqué en attendant le jugement définitif par un tribunal correctionnel.

Néanmoins, il existe des recours pour contester ces décisions : 

– un recours gracieux peut être déposé auprès du préfet pour demander une réduction de la durée de suspension ou uneannulation de la durée de suspension prononcée à votre encontre, notamment en mettant en avant le besoin de garder votre permis pour votre activité professionnelle. 

– en cas de refus, il est possible de saisir le Tribunal administratif en formant un  recours en référé, bien que cette voie soit rarement couronnée de succès.

Le droit pénal étant complexe,  unn avocat spécialisé peut jouer un rôle clé dans votre défense.

Que faire si vous hésitez à vous arrêter lors d’un contrôle ?

Si vous êtes sommé de vous arrêter par les forces de l’ordre, la première chose à faire est de garder votre calme. Ralentissez immédiatement, mettez votre clignotant pour signaler votre intention, et immobilisez-vous dans un endroit sécurisé. Adoptez une attitude respectueuse et évitez tout geste brusque qui pourrait être mal interprété.

Si, dans un moment de panique ou d’hésitation, vous ne vous arrêtez pas tout de suite, il est toujours temps de changer d’avis. En obtempérant rapidement après coup, vous montrez que votre comportement n’était pas une fuite délibérée. Cela peut réduire la gravité des faits qui vous sont reprochés.

Souvenez-vous que chaque action compte, et revenir sur une mauvaise décision peut éviter des conséquences bien plus lourdes, tant sur le plan juridique que pour votre sécurité et celle des autres.

Face à une situation de refus d’obtempérer, il est possible d’agir pour limiter les conséquences et faire valoir vos droits. Chaque étape, de la sommation initiale à la décision finale, repose sur des règles strictes que les forces de l’ordre doivent respecter.
Si vous connaissez vos obligations, mais aussi vos recours, vous pouvez mieux vous défendre et éviter des sanctions disproportionnées. Avec la bonne approche et, idéalement, le soutien d’un avocat spécialisé en droit pénal, vous pourrez aborder cette problématique juridique avec plus de sérénité et protéger au mieux votre droit de conduire.